Guinée : Les marges de manœuvre sont invraisemblables pour un troisième mandat
La cohésion sociale et la quiétude dans une république demeurent les valeurs fondamentales de toute démocratie digne de nom. L’obstination de la mouvance présidentielle de proposer une nouvelle constitution ou de procéder à sa révision à l’échéance du dernier mandat d’Alpha Condé, ne doit pas être au-dessus de l’esprit de l’unité nationale.
Il faudra parfaitement être limpide. Ce n’est pas l’amendement de notre constitution qui pose problème, mais la peur d’offrir un cadre juridique simplifié permettant à Alpha Condé de s’éterniser au pouvoir. Ce que l’on appelle autrement « Président à vie ».
Sans faire la table rase des lois en vigueur dans notre constitution, il est à constater que certains constitutionalistes et cadres dans l’arène politique en Guinée se contredisent perpétuellement et ne s’en tiennent qu’à des simples définitions de quelques notions de droit constitutionnel et sans pour autant porter une analyse sur les enjeux de l’application d’une loi qui mette en péril le vivre-ensemble et les rapports sociaux entre les citoyens d’une même nation. Dommage !
Dans ce Contexte et eu égard à la réalité, il convient de mettre l’accent sur la prééminence de l’harmonie sociale pour le bon fonctionnement de la démocratie. Théoriquement, l’interprétation de quelques dispositions de lois dans notre constitution est claire. Elle esquisse en guise d’exemple que le président ne peut briguer que deux mandats de cinq ans et non renouvelable (art 27). Elle offre une possibilité de sa révision et exclut toute proposition de nouvelle constitution (art 152) et elle précise que la durée de mandat du président ne peut pas faire l’objet d’une révision (art 154).
Je ne suis pas constitutionaliste, ni expert en la matière mais du point de vue du droit positif, Alpha Condé se retrouve face à des obstacles juridiques péniblement surmontables. Toute autre forme de volte-face politique de sa part nous conduira infailliblement dans la jurisprudence constitutionnelle. Dans ce cas, la Cour constitutionnelle serait amenée à statuer ou à se prononcer sur une situation qui n’est pas textuellement prévue par nos lois. Voilà pourquoi Alpha Condé avait précipitamment et contrairement à la constitution, rendu possible par décret la destitution de Kéléfa Sall, ancien président de la cour constitutionnelle et farouche opposant au troisième mandat de Körö. Il y a lieu de rappeler au passage son célèbre conseil à l’endroit du président Alpha Condé :
«Monsieur le président de la République, gardez-vous de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes, car si le peuple de Guinée vous a donné et renouvelé sa confiance, il demeure cependant légitimement vigilant »
Le « Volk » guinéen doit se réveiller de son long sommeil et se battre pour prendre son destin en main. Ce petit groupe malintentionné qui applaudit le «Mansa» et soutient l’idée de troisième Mandat, est celui qui pille nos richesses naturelles, qui détourne dans toute impunité l’argent public en laissant des millions de guinéens s’enfoncer dans une spirale de pauvreté accrue. Alors à quoi va servir leur soi-disant troisième Mandat ou révision constitutionnelle ? Rien, rien et rien !
Moussa Abdoulaye Camara pour www.faceauxproblemes.org
Pédagogue social / Expert en Développement social local
Diakonie Deutschland / Allemagne