Guinée : Alpha Condé reçoit Cellou Dalein Diallo avec un large sourire et beaucoup de promesses
Le chef de l’État guinéen et le chef de file de l’opposition ont eu un tête-à-tête d’une heure et demie, jeudi 1er septembre, au palais présidentiel Sékhoutouréya, à Conakry. Dans une ambiance apparemment détendue, ils ont évoqué la relance du dialogue politique et le respect des clauses de ce dernier, la baisse de la TVA, l’application du statut de chef de file de l’opposition…
Les rires aux éclats d’Alpha Condé se jetant au coup de son plus farouche opposant du moment, les nombreux engagements pris, la mise à disposition d’un motard pour écarter les embouteillages de Conakry sur le passage de Cellou Dalein Diallo à l’aller comme au retour, tout montre que cette rencontre du 1er septembre 2016 est différente à bien des égards de la première, qui s’était tenue le 20 mai 2015.
L’hôte était sorti « déçu » de ce qui s’apparentait selon lui à un dialogue de sourds. Si le chef de file de l’opposition guinéenne et président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a affiché un visage de fermeté, il reconnaît néanmoins qu’ « il y a eu des convergence de vues sur beaucoup de problèmes ; il y a eu des divergences que nous avons essayé d’aplanir par des discussions. »
Pour quels résultats ? « Premièrement, renchérit Cellou Dalein Diallo, le président de la République promet d’engager toutes les institutions de la République à appliquer scrupuleusement les décisions des dialogues politiques passés et futurs. Deuxièmement, il m’a fait part des mesures qu’il envisage pour améliorer les conditions de vie des Guinéens, notamment la réduction de la TVA sur les denrées de première nécessité et l’engagement des projets d’infrastructures pour booster un peu la croissance ».
La France et les États-Unis en exemple
Les autres engagements présidentiels ont été rendus publics par Alpha Condé lui-même, qui se tenait droit aux côtés de son principal opposant. « Comme [Cellou Dalein] vous l’a dit, nous sommes en démocratie. Il faut que nous soyons une démocratie civilisée ». Et le chef de l’État de prendre pour exemple des pays occidentaux : « Chaque fois qu’il y a des problèmes, le chef de l’État français […] reçoit les différents leaders représentatifs pour les écouter. Aux États-Unis, c’est pareil : quand il y a des problèmes, les Démocrates et les Républicains se rencontrent. Je pense que nous voulons tous une démocratie, le bien de la Guinée, le bien des citoyens », a-t-il martelé.
Le président Condé promet de respecter le statut de chef de file de l’opposition, de l’installer dans ses fonctions avec tous les droits et obligations afférents et de le consulter désormais régulièrement sur la vie de la nation : « Le chef de file de l’opposition a été ministre, Premier ministre. Il a donc une certaine expérience de la vie économique du pays. Il est toujours intéressant d’échanger, et même quand je dois voyager, de l’écouter aussi pour savoir ce qu’il pense des relations avec tel ou tel pays. Nous avons donc décidé d’avoir des rencontres régulières ».
« Quand l’eau est claire, personne ne peut jouer »
À en croire le chef de l’État guinéen, la rencontre a été bénéfique : « J’ai été très heureux d’échanger avec lui. Je pense que chacun de nous a été éclairé. Il est important donc que les leaders se rencontrent pour éviter la manipulation d’un côté ou de l’autre. » Il s’est voulu rassurant en affirmant que toute tentative de « manipulation » était désormais vaine : « Venir dire que Cellou a dit ça ou Alpha a dit ça, si nous-mêmes nous sommes en contact… Ceux qui jouent en eaux troubles ne pourront plus jouer, parce que l’eau ne sera plus trouble. Quand l’eau est claire, personne ne peut jouer », a conclu Alpha Condé avant de se jeter au cou de son adversaire en pouffant de rire.