Ecole des sourds-muets de Boulbinet, Un espoir déçu
Il est pénible d’être sourd-muet mais il est encore plus pénible d’être un sourd-muet en République de Guinée qui ne compte qu’un seul établissement de sourds-muets sur toute l’étendue du territoire. Cet établissement s’appelle «Ecole de sourds-muets de Boulbinet » Créer en 1964 par le gouvernement guinéen avec l’appui des volontaires américains du Corps de la paix, l’école de sourds-muets de Boulbinet est la première institution de ce type en République de Guinée. A sa création l’établissement comptait seulement 14 élèves dont 5 filles. Chaque année l’effectif s’augmente et la gestion pédagogique en classe devient ainsi un véritable casse-tête pour l’ensemble des encadreurs.
L’école compte aussi en son sein un cabinet d’orthophonie et un cabinet d’audioprothèse qui s’occupent respectivement de la réhabilitation orale et de la réhabilitation auditive des enfants inscrits à l’école de sourds muets. Malgré des dispositions pratiques, il est à signaler que les deux cabinets sont confrontés à de nombreuses difficultés d’ordre matériel et technique. A cela s’ajoute le manque d’appareils auditifs, de patte pour la fabrication des embouts, de seringues, de piles pour appareils auditifs, d’audiomètre etc.…
Un cycle de formation professionnelle est crée par l’école des sourds muets, et implantée au sein du centre de formation professionnelle (C.F.P) de Donka à Conakry. Ce cycle comprend les filières de maçonnerie, plomberie et menuiserie.
Jusqu’ à la 44eme année de son fonctionnement, l’école n’avait pu prendre en charge que 187 enfants et adolescents sur environs 14.203 sourds-muets en âge d’être scolarisé. Les 14.016 autres, identifiés sont issus de familles habitant en dehors de la capitale Conakry. L’insuffisance des moyens financiers des parents, l’inexistence de structures d’accueil et d’hébergement à régime d’internat à Conakry et dans les régions expliquent l’impossibilité de la prise en charge de ces jeunes enfants sourds-muets.
On remarque également un manque de volonté politique à installer ou ouvrir les établissements similaires dans les différentes régions du Pays. D’ailleurs, le cas de la maternelle de l’école de sourds muets de Conakry est préoccupant à cause de son effectif pléthorique : Une classe accueille plus de 40 enfants alors que le ratio est de 8 élèves par salle de classe. Face à cette réalité, les enfants non scolarisés sont souvent amenés, malgré eux, à descendre dans la rue pour s’adonner à la pratique de mendicité.
Par ailleurs, il faut préciser que ladite école se situe dans le même quartier que la résidence du président de la République (Le palais Sekoutoureyah), la primature, le ministère des finances et celle des Affaires sociales et de la promotion féminine, mais hélas ni le président de la République et ni ses ministres, personne n’a songé même une fois visiter cette école de sourds-muets et pourtant ils passent chaque jour à la devanture de cette école, assis dans leurs voitures 4X4 climatisées, immatriculées VA (véhicule Administratif). Comme pour dire que nos responsables politiques ne se préoccupent nullement de nos problèmes.
Un autre constat qui se dégage est qu’il n’existe dans l’effectif du personnel, aucun professionnel d’assistance sociale. Par conséquent, les enfants sont souvent admis au sein de l’école sans test préalable efficace de leur réel état de santé. Pourtant, la présence d’un travailleur ou assistant social est indispensable en ce sens qu’il permettrait non seulement de déterminer l’admissibilité ou non des enfants mais aussi de suivre leur vie dans le milieu social. Il pourrait aussi relever les éventuelles discriminations dont ces enfants pourraient être victimes, proposer leur médiation afin de faire valoir et respecter les droits de ces nombreux enfants sourds-muets.
Voici un réel problème auquel nous devons faire face, mais hélas, très malheureusement, nos dirigeants ne prennent jamais conscience des difficultés de leur population.
Moussa A. CAMARA pour www.faceauxprolemes.org
