L’Afrique, un marché encore trop risqué pour les Allemands ?
Jusqu’à présent, l’intérêt des entreprises allemandes pour l’Afrique est assez limité. Le sommet économique germano-africain (GABS) qui se tient du 8 au 10 février à Nairobi doit changer les choses.
Plus de 400 sociétés et des personnalités politiques de haut rang sont au rendez-vous dans la capitale kényane pour ce deuxième sommet économique germano-africain (GABS).
Müller présente son « Plan Marshall »
Pas moins de trois ministères allemands sont ainsi représentés à la conférence présidée par le président kényan Uhuru Kenyatta. Aux côtés de ses collègues de l’Économie et des Finances, le ministre de la Coopération et du Développement Gerd Müller arrive dans la capitale kényane avec un but précis : exposer aux partenaires africains son « plan Marshall avec l’Afrique« . Un plan qui vise à endiguer l’émigration des jeunes Africains vers l’Europe.
« Avec les Africains, nous allons discuter de solutions africaines. Comment créer dans ces pays des emplois et de la croissance économique? C’est seulement comme ça que nous pourrons créer des perspectives pour demain. Si nous ne le faisons pas, des millions de personnes prendront le chemin de l’Europe. »
Trop de freins aux investissements
L’Allemagne veut donc contribuer au développement des pays africains. La méthode privilégiée est le renforcement des partenariats économiques, qui ont l’avantage de profiter aux entreprises allemandes.
Or jusqu’ici, elles sont plutôt frileuses à se lancer sur le marché africain. Parmi les principales raisons invoquées par les patrons allemands, l’instabilité et la corruption. Elvira Schmieg, de l’Institut de recherche en Sciences politiques SWP:
« L’Allemagne vit de ses petites et moyennes entreprises. Il est extrêmement important pour elles que les pays dans lesquels elles investissent soient stables et qu’il y ait une bonne discipline de paiement. Pour une petite entreprise, c’est un énorme problème si tous ces facteurs ne sont pas réunis. Alors qu’une multinationale qui investit quelque part dans l’exploitation minière peut survivre un ou deux ans, même si les conditions ne sont pas remplies. »
Améliorer le cadre
Le plan Marshall du ministre Müller prévoit des instruments pour encourager et sécuriser les investissements en Afrique, mais cela ne va pas assez loin selon Elvira Schmieg :
« Si on discute par exemple, dans le cadre du Plan Marshall, d’allègements fiscaux ou de garanties de crédit, cela peut être un peu utile. Mais à long terme, c’est l’évolution des conditions globales en Afrique qui joue un rôle central. Avec nos instruments d’encouragement, nous ne pouvons y contribuer que de façon très limitée. »
Selon les chiffres du ministère allemand de la Coopération, seul un millier d’entreprises allemandes sont actuellement actives sur le continent africain. Un tiers des investissements vont en Afrique du Sud. Et l’Afrique représente seulement deux à trois pourcents des exportations allemandes.
Anne Le Touzé